mardi 28 août 2012

Bertine

Cela fait plusieurs mois que je tergiverse pour acheter ou non un mannequin de couture car bien souvent je modifie mes vêtements sur moi directement, avec l'aide de mon homme. Homme qui, avouons le, n'aime pas particulièrement jouer des épingles et de la craie de tailleur (ça doit être son activité préférée après le pliage de draps et le vidage de litière de chat).

Donc, en vacances dans la ferme familiale, je m'adonnais à mon activité préférée, le fouinage pour trouver des vieilleries, des objets d'un autre temps. Témoins silencieux et poussiéreux d'une époque révolue où les grands parents de l'Homme cultivaient la lentille, ils restent là , attendant dans leurs placards qu'on les déterre pour une minute ou  plus, qu'on s’émerveille de l'ingéniosité ou qu'on s'esclaffe de leur incongruité.

Or donc, gisait depuis des années dans un charnier ce mannequin


Le pauvre avait perdu son pied, transformé en sellette pour porter une énorme plante verte et qui aux dernières nouvelles, est chez la cousine, où il supporte toujours la-dite plante. La toile était fortement déchirée et il manquait une partie de son rembourrage (j'ai retrouvé les pièces manquantes DANS le mannequin où avaient niché plusieurs générations de souris - pour preuve les balles de blé mêlées aux toiles d'araignées qui sont tombées quand je l'ai retourné). il lui manquait également son cabochon de cou, retrouvé quelques heures après lors d'une seconde expédition dans le charnier.

Déshabillé, dépoussiéré, historié par la Mémé :  ce mannequin était la propriété d'une tante Albertine qui fut couturière à un moment de sa vie, il avait échoué dans la maison de l'arrière grand-mère, un peu par hasard un peu par dépit.... et attendait sagement (non sans voir sa poitrine enfoncée par le bric-à-brac environnant ) de tomber en poussière. Mémé Zoé connaissant mon penchant pour la couture et devant mon sourire matois me l'a offert, se demandant bien ce que j'arriverais à tirer de ce vieux truc en papier mâché.

C’était sans compter sur ma détermination à faire revivre ce symbole d'un temps ou les femmes s'habillaient plusieurs fois dans la journée, cornaient leur carte de visite dans les plateaux d'argent de leur hôte et arboraient des mensurations à couper le souffle au sens littéral : 95-53-94 !!


Revenue tout droit de son 19e siècle, dans une peau de jersey viscose moderne, la voici, ce soir posée sur son futur pied (un guéridon trouvé en dépôt-vente qui sera sacrifié à mon bon plaisir par l'Homme, car quand même manier la scie sauteuse c'est quand même plus viril que les épingles)



Bien évidemment elle ne me servira pas à ajuster mes patrons, mais pour présenter joliment les vêtements, elle sera beaucoup plus appropriée que les cintres et le parquet auxquels je vous avais habitués

8 commentaires:

  1. Bravo! C'est très réussi!

    RépondreSupprimer
  2. Beau travail ! bravo ! j'adore les "vieilleries" moi aussi ! Et mazette la taille de guêpe!j'imagine les maux de ventre qu'elles devaient avoir corsetées et comprimées comme ça!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. pire que des maux de ventre, le corset comprimait tellement la cage thoracique et l'abdomen qu'elles avaient les cotes déformées et des descentes d'organes.... (sans parler des malaises à répétition)

      Supprimer
  3. Bravo pour cette restauration !
    je me demande comment j'ai pu louper tout ca ! tu n'as pas de newsletter ou on peut s'inscrire ?

    RépondreSupprimer
  4. dommage on l'aimait bien ton parquet! ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. mouhahaha ! tu vas le voir encore souvent, Bertine n'a pas d'enfant (pas la place dans le corset) donc les ensembles bébé etc seront sur le parquet, ou sur cintre pour changer des fois...

      Supprimer
  5. C'est incroyable tout de même cette "forme".

    Belle restauration en tout cas.

    RépondreSupprimer